dimanche 1 mai 2011

Bio et pseudo


Depuis que j’ai entendu parler de litière pour chat ‘BIO’, mon esprit s’est emballé.

Mais que représente le label ‘bio’qui fait fureur ces derniers temps??
Dans mes recherches j'ai constaté que ce terme est utilisé dans beaucoup de publications comme si l'on faisait référence au saint-esprit. Tout le monde en parle mais personne ne l'a jamais vu. En fait, il n'existe à ce moment aucun cadre légal et de points de référence définissant l'utilisation légitime du terme BIO.

Il y a certes dans certains pays des normes qui définissent le cadre d'utilisation du label mais force m'est de constater qu'il y a un amalgame avec d'autres références, comme développement durable, commerce équitable, etc etc.... Une vraie jungle. 

Voici une définition que j'ai trouvée et qui semble être acceptée par quasi tout le monde:
Produit d’origine agricole qui ne contient pas d’éléments chimiques de synthèse comme le cultivaient nos ancêtres

Et je vais immédiatement faire voler en éclats cette définition:

Origine agricole: mais alors les poissons ne peuvent pas être 'bio'??
Elements chimiques: concept innaproprié car TOUTE matière est par définition chimique
Comme le cultivaient nos ancètres: les mêmes qui ont subi des famines? Ceux pour qui les scientifiques de l'époque ont introduit la pomme de terre, l'appertisation (conserves) et la pasteurisation afin d'améliorer l'alimentation et la conservation des denrées alimentaires

Allons donc.... 

Quel amalgame... Ceci dit, le concept est assez ancien, à savoir Jean Jacques Rousseau et son mythe du noble sauvage, de l'homme naturel. 

Soyons réaliste, quoi que peuvent en penser mes amis écolos, Dame Nature est tout sauf gentille. Elle est impitoyable, capricieuse, destructrice et n'a que faire de nos états d'âmes philosophiques. La croute terrestre continue de bouger sous l'influence de la tectonique des plaques, et nous ne pouvons rien y faire, comme les évènements récents au Japon et en Islande nous l'ont prouvé.

Comme l’a si bien expliqué Hervé This, les substances chimiques n’existent pas. La chimie, c’est une science, de la connaissance, rien de plus. TOUTES les substances sont « chimiques » !!!

Bio ? Biologie, racine venant du grec signifiant ‘la vie’. De par cette définition on pourrait en déduire que tout ce qui n’est pas ‘bio’ est non-vivant ? Les vaches dans les prés près de chez mes parent ne ressemblent pourtant pas à des zombies !!

Organique ? Venant d’un organe ou chimie du carbone ??

Naturel : ce qui se trouve à l’état brut dans la nature. Tout est naturel. La peste, l’arsenic, la radio activité, et les dangereux UV-B du rayonnement solaire.

Artificiel : tout ce qui a été manipulé, transformé ou modifié par l’action de l’homme. Ou se situe la frontière entre le naturel et l’artificiel alors, car dès que je déterre une carotte, elle devient alors ‘artificielle’.

J’aime bien de jouer avec les mots. A mon opinion, la notion de cuisine moléculaire n’existe pas, car toute cuisine met en œuvre des phénomènes physiques et chimiques, donc moléculaire. D’autre part, toute forme d’agriculture est bio(logique). Le terme ‘sans additifs ou engrais artificiels me semblerait alors plus approprié. 

Et que penser du pétrole et du charbon ? Si je ne me trompe, ces deux substances auxquelles on attribue tous les maux de la terre sont le résultat d’un processus de millénaires de fermentation et de compression de matières végétales et animales. Je pense qu’au crétacé, peu d’engrais ou pesticides artificiels furent utilisés, donc le pétrole et le charbon sont les plus anciennes substances ‘bio’ connues…

Au fait, saviez vous que les baleines sont éternellement reconnaissantes à un pharmacien polonais nommé Ignacy Łukasiewicz? 
Les premiers puis de pétroles et raffineries ne sont pas américains mais d'origine polonaise, et le pétrole distillé donne du kérosène, qui remplacera rapidement l'huile de baleine utilisée pour l'éclairage (ainsi que la lubrification nécessaire à la révolution industrielle)...

Je me demande vraiment si le bon vieux temps était si bon que ca... (surtout pour les baleines)


Essayons alors l’autre définition ‘sans additifs artificiels’

Artificiel signifie ‘fabriqué par l’homme’. Mais alors ‘fabriqué’ jusqu’au quel point ?? Prenons par exemple un vin qui est vanté comme plus ‘bio’ ou naturel, car les tonneaux ont été stérilisé avec du soufre ‘naturel’ récolté au pied d’un volcan, comme le faisaient nos ancêtres. Cependant ce soufre ‘naturel’ est impur et contient de l’arsenic qui en brulant en fait un poison violent ….

A parler du vin, même si le vigneron n’utilise pas de soufre, il lui sera difficile de clamer que son vin est sans sulfites, car durant la fermentation alcoolique les levures utilisées peuvent produire des sulfites…


Je me permets également un petit sourire lorsque j’entends parler de produits ‘naturels’. Nos pommes de terre, carottes, etc… sont le résultat d’une sélection naturelle de plusieurs siècles ( et sont originaires d’Amérique du sud comme les tomates et le piment)! Certains légumes ont disparus de nos rayons par manque d’intérêt des consommateurs, ou parce que leur production n’est plus rentable pas seulement en termes financiers mais en terme de volume. De toute façon, sachez que les fruit et légumes actuels ne sont pas si naturels que cela, car ils sont le résultat de sélection depuis des millénaires.  

Alors les produits de synthèse seraient mauvais, et le « naturel » bon ? La noix de muscade contient une substance dangereuse, la myristicine. Le basilic et l’estragon sont riches en estragol, une substance considérée comme cancérogène. Pourtant, les italiens, grands consommateurs de basilic depuis des siècles semblent bien se porter. 

Que penser alors des benzopyrènes, un mot barbare qui reprend un ensemble de substances nocives, voire toxiques, déposées la viande lors d’un barbecue ??

En fin de compte, tout est transformé, donc tout est artificiel par définition, agriculture comme cuisine.

Pesticides et engrais
L’agriculture moderne utilise des pesticides et des engrais. C’est un fait. Mais pourquoi ?

Ben, pour faire pousser plus, plus vite, moins cher et nourrir les humains plutôt que les insectes !!! Pas pour le plaisir !!! 

Sans engrais, la récolte pourrait être de 50% inférieure. Et sans insecticides / pesticides, 30% de la récolte ira aux bonnes œuvres des insectes et autres créatures.

Les nuages de sauterelles bibliques sont toujours d’actualité dans certains pays, en effet en 2004 l’afrique du nord et le Portugal on été victime d’un nuage de sauterelles de 230km de long !

Savez vous que les premiers insecticides sont d’origine végétale ? Les plus connus sont le pyrethre et la nicotine…. Les plantes ont appris a se défendre contre des agresseurs avec une forme de guerre chimique particulière. Par exemple les furocoumarines se trouvent dans le persil, le celeri, les topinambours et sont des pesticides naturels, produits en réaction à un stress (insectes, moisissures).

Les plantes traitées aux pesticides artificiels ne subissent pas d’agression donc produisent moins de ces substances. Par contre les plantes élevées de manière organique produisent deux fois plus de ces furocoumarines qui sont cancérigènes !! (Inherent Natural Toxicants in Food (1996), MAFF, London)

L’aspect aromatique de plupart des herbes et plantes utilisées en cuisine sont en général lié a un aspect de défense de la plante. (voir mon autre article sur la moutarde)

Voici deux citations qui m’ont fait réfléchir :

Prix nobel Normal Borlaug en 2002 : si nous essayons de nourrit 6 milliards d’êtres humains avec des engrais bio, nous abattrons la majorité de nos forets  et ces terres ne seront productives que pour une courte période

John Emsley Cambridge University « la plus grande catastrophe a laquelle la race humaine pourrait faire face ce siècle n’est pas le réchauffement planétaire, mais une conversion planétaire à l’agriculture bio, environ 2 milliards de personnes en mourraient »

Ceci dit, je ne suis pas partisan de l’utilisation excessive de substances chimiques, car elles se retrouvent en fin de course dans notre alimentation. Le tout est de savoir quelle quantité de résidus va se retrouver dans  notre assiette. Le niveau de résidus est bien en dessous des quantités qui provoquent des dégâts, cependant on ignore encore les effets à long terme

Derrière chaque altération, il n’y a pas que la recherche du profit. Certains produits non traités peuvent se révéler néfastes. Voulez vous une araignée exotique avec vos bananes ?? Des nématodes (vers parasites) avec vos fruits exotiques ?

Le mouvement ‘BIO’

Mais alors quelle est la logique derrière ce mouvement ‘bio’ ??

Simple.

La peur et le marketing.

La peur de mourir violemment dans d’atroces souffrances suite à l’ingestion de substances cachées dans notre alimentation, qui ont été exacerbées par plusieurs crises alimentaires surmédiatisées (vache folle, poulet à la dioxine, …) et le marketing qui exploite ces émotions pour –littéralement - nous faire avaler n’importe quoi.

D’après ce que je constate, il n’y a pas de rigueur dans la norme bio. Je pourrais étiqueter n’importe quoi ‘bio’ et personne ne pourrait rien y faire car il n’y a pas encre de lois ou de contrôles formalisés. Par exemple j’ai vu un pot de mayonnaise etiqueté ‘BIO’ et dans la liste des ingrédients, il y avait de l’acide acétique, qui est l’équivalent industriel du vinaigre.

Souvenons nous de l’histoire de la pomme de terre. Avant l’intervention de Mr Parmentier , la brave patate servait principalement à nourrir les cochons en Europe car la population avait peur de la manger. Napoleon 1er cherchait un aliment efficient en terme de production, stockage et valeur nutritive pour ses campagnes militaires, et Mr Parmentier a fourni la solution. Au fait, une autre pénurie alimentaire est à la source de la création de la margarine. Un autre Napoleon, le  IIIe du nom,  devait faire face a une pénurie de matière grasse humainement comestible.


Cette cuture BIO ressemble furieusement à une forme de superstition, voire de croyance religieuse. On apaise sa conscience en adhérent à une croyance partagée par la majorité, sans –comme j’essaie de le faire – remettre en doute et analyser froidement les faits.

On ne peut pas savoir ce qu’il y a réellement derrière les produits dits bio. Que penser du raisin ‘BIO’ venant du chili par avion et vendu en barquettes de plastique ??
Plus de la moitié des produits bio sont importés. Peut -etre pas de pesticides mais combien de carburant brulé ? Bio et développement durable seraient-ils incompatibles ?

Alors, suis-je pour ou contre le bio ?

Je suis pour une alimentation de qualité, en quantité suffisante, avec le minimum de substances nocives dans mon assiette (quelle qu’n soit l’origine), un respect de la nature réaliste et un impact sur l’environnement minimisé.

Je suis contre le mensonge, les experts auto proclamés et les études pseudo scientifiques fantaisistes ou frauduleuses, et contre le fanaticisme sous toutes ses formes.

Mais surtout, et avant tout je suis pour la liberté du choix individuel et le respect des opinions de mes concitoyens. Et pour une tracabilité claire et précise de l’origine et des altérations qui ont été faites à nos aliments

De toute façon, la réfutation des croyances est une mission impossible : on ne combat pas la foi par la raison
N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas. Il faut être prudent mais non pas timide. (Voltaire, Pensées détachées de M. l'abbé de Saint-Pierre).

Conclusions ?

L’agriculture telle que nous la connaissons maintenant est le fruit d’une longue évolution, et les habitants de notre planète sont de plus en plus nombreux, et ils doivent manger.

J’aime faire pousser mes légumes et herbes dans mon jardin, mais je n’apprécie pas la visite inopinée de certains parasites. Après que moult salades et persils furent dévorés en une nuit par un régiment de limaces, l’utilisation de pesticides – en dose modérée – s’est imposée.

Les résidus d’engrais et de pesticides dans les aliments sont négligeables. Certes les accidents se produisent, de même que diverses fraudes, mais heureusement de nos jours ces faits restent exceptionnels.

Les commerçants vendront ce que la clientèle demande, à un prix perçu comme correct. Si certaines variétés de tomates ne se retrouvent plus dans notre panier, il faut se demander si la cause est le manque d’intérêt du client, ou un prix de revient trop élevé.

L’argument principal tourne alors autour des résidus dans l’environnement, pour cela la culture organique est plus respectueuse, mais peut-être inadaptée aux besoins futurs de la population.

Je terminerais avec un petit détail auquel peux de gens pensent.

Sans abeilles, pas de fruits, car pas de pollinisation. Et la population d’abeilles diminue d’année en année….
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Petite mise à jour: “Bio : fausses promesses et vrai marketing” de Gil Rivière-Wekstein , www.bio-lelivre.com

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